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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 14:48

L’orphisme

 

L’orphisme était un courant religieux de la Grèce antique connu par un ensemble de textes et d'hymnes, ainsi que par quelques attestations archéologiques : outre les lamelles d’or, on en connaît certaines représentations ou descriptions au travers de vestiges, gravures, tablettes ou autres vestiges retrouvés dans des tombes. Le mythe d'Orphée, d'origine obscure et très ancienne, dont l'épisode le plus célèbre est la descente aux Enfers du héros à la recherche de son épouse Eurydice, donna naissance à une théologie initiatique.

 

Il semble que l'on puisse faire remonter ses origines au moins à 560 av. J.-C. Les dernières œuvres « orphiques » datent du Ve siècle de notre ère. Son nom provient d'Orphée, initiateur mythique. L'orphisme se présente comme un courant mystique tel que la pensée grecque en avait développé à partir du IVe siècle av. J.C.

 

1re partie : les pratiquants (orphéotélestes)

 

À première vue, les disciples d'Orphée paraissent aussi insaisissables que leur maître dont la biographie se perd dans le mythe. Les modernes en ont souvent conclu que l'orphisme était une religion sans culte et sans pratique, oubliant ainsi qu'un trait fondamental de celui qui pratique le genre de vie orphique (bios orphikos) est d'être d'abord un individu marginal, un errant séparé du corps social. Jusqu'à une certaine époque, les orphéotélestes – les initiateurs orphiques – se confondent plus ou moins avec ces purificateurs et ces devins ambulants voyageant de cité en cité et proposant aux hommes leurs recettes de salut. Dans La République, Platon parle avec mépris de ces individus, sur l'autorité desquels ils règlent leurs sacrifices, se flattant d'obtenir, pour les simples particuliers et même parfois pour des cités, « absolution et purification » de fautes et d'injustices anciennes. Mais ces disciples d'Orphée ne se présentent comme des purificateurs et des spécialistes de l'initiation que parce que leur genre de vie les qualifie singulièrement pour remplir ces fonctions.

 

2e partie : le refus du sacrifice sanglant

 

Le genre de vie orphique se définit par un certain nombre d'interdictions, dont les unes sont alimentaires et les autres vestimentaires. Ne pas se laisser ensevelir dans des vêtements de laine, porter des habits de couleur blanche, ne pas entrer en contact avec un cadavre, autant de refus de ce qui appartient au monde de la mort. Sur le plan alimentaire, le régime orphique se caractérise essentiellement par le refus de manger « ce qui est animé » et par le souci de consommer seulement ce qui n'est pas « vivant ». Les Grecs définissaient ce végétarisme par une formule en apparence énigmatique : « Orphée a enseigné aux hommes à s'abstenir de phonoi. ». Littéralement, phonos signifie meurtre. En l'occurrence, ce mot a d'autres significations : c'est, en particulier, le nom réservé au sacrifice sanglant dans toute une tradition religieuse. S'abstenir de « meurtres » est une manière d'exprimer le refus de la viande. Il ne s'agit pas là d'un caprice alimentaire. Que signifie, en effet, dans la société grecque, manger de la viande ou refuser d'en manger ? Dans une société où la consommation de la viande est inséparable de la pratique du sacrifice sanglant, c'est-à-dire de l'acte rituel le plus important de la religion politique, refuser d’en manger, c'est rejeter tout un ensemble de valeurs religieuses, c'est refuser un certain type de communication entre les hommes et les dieux.

En effet, le premier sacrifice sanglant remonte au partage que Prométhée fit à Méconé d'un bœuf destiné à réconcilier les dieux et les hommes. Partage qui aboutit, par la ruse de Prométhée et la contre-ruse de Zeus, à fixer le régime alimentaire qui différencie les hommes et les dieux. En réservant aux hommes toute la chair du bœuf et en ne laissant aux dieux que l'odeur des viandes et le fumet des graisses, Prométhée condamnait l'espèce humaine au besoin vital de manger de la viande et, par conséquent, l'assujettissait à la faim et à la mort. Par là même, son partage consacrait la supériorité des dieux qui se satisfont d'odeurs et de parfums. Telle est la répartition première que les orphiques entendent nier en refusant à la fois de manger de la viande et de participer aux sacrifices célébrés par la cité. Ce que les disciples d'Orphée rejettent, c'est donc tout le système politico-religieux, le « monde », la vie dans le monde.

 

3e partie : Les lamelles d'or

 

Enterrées avec l'initié, ces lamelles d'or portent, gravées, les formules qui serviront à leur propriétaire de mot de passe dans l'au-delà. L'âme s'y présente comme « fils de la Terre et du Ciel étoilé » ; elle demande aux dieux infernaux de lui donner à boire l'eau fraîche qui coule du lac de Mémoire ; elle sait aussi qu'elle doit prendre à droite et éviter de s'engager vers la gauche, dans la direction d'une autre source d'où coule l'eau de l'Oubli. Mémoire est l'eau de Vie, qui marque le terme du cycle des métensomatoses (réincarnations successives), par opposition à l'Oubli, dont l'eau de Mort représente la vie terrestre, rongée par le temps et le non-être. Mais l'eau de Mémoire n'est accessible qu'à l'initié qui a pratiqué le genre de vie réservé aux purs et accepté la discipline de salut grâce à laquelle il ne connaîtra pas le sort réservé aux non-initiés, condamnés à la boue et au cloaque d'un au-delà « cruel et glacé ».

 

PAGEOT Guillaume 2nde4, Lycée Paul Claudel

 

Sources : Wikipédia, Universalis.

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  • : Le mythe d'Orphée
  • : Découvrez la tragique histoire d'Orphée à travers le travail commun d'élèves latinistes de 3e du collège Les Frères Le Nain, et de 2nde du lycée Paul Claudel. Premier des poètes d'après la mythologie gréco-latine, Orphée n'a cessé d'inspirer écrivains, peintres, compositeurs ou encore réalisateurs...
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Citation latine

Talia dicentem nervosque ad verba moventem exsangues flebant animae; nec Tantalus undam captavit refugam, stupuitque Ixionis orbis, nec carpsere jecur volucres urnisque vacarunt Belides, inque tuo sedisti, Sisyphe, saxo. Tunc primum lacrimis victarum carmine fama est Eumenidum maduisse genas.

 

Les âmes privées de vie pleuraient celui qui disait de telles choses en faisant vibrer les cordes au rythme de sa voix. Et Tantale n'a plus cherché à saisir l'eau qui s'enfuyait, la roue d'Ixion se stoppa, et les oiseaux cessèrent de lacérer le foie

 

Ovide

 

 

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